DE L'INSOUTENABLE LEGERETE DE N'ETRE

« La vérité est scandaleuse. Mais sans elle, il n'y a rien qui vaille. Une vision honnête et naïve du monde est déjà un chef- d'œuvre... À mesure que vous approchez de la vérité, votre solitude augmente. » Michel Houellebecq, in Rester vivant.
 

01 février 2006

Cocktail


Il aura donc fallu l'arrivée d'une certaine Angela au pouvoir outre Rhein pour que le président Poutine entende parler de la Tchétchénie en terme peu élogieux, et Bush se voir sérieusement reprocher Guantanamo.

Mais avant cela - très récemment - des émeutes particulièrement violentes et nombreuses ont secoué nos banlieues. De nombreux auteurs - écrivains, chanteurs ou cinéastes - avaient bien sûr prévu le phénomène depuis longtemps et mis en garde nos élites. En effet, que des personnes désespérées et vivant des dans conditions épouvantables en arrivent à de tels agissements n'est en rien surprenant. Cela semble même "tomber sous le sens", comme le veut l'expression populaire.

Ainsi - par conséquent - si les agissements en question sont certes illégitimes et particulièrement injustifiables, ils sont parfaitement compréhensibles.

Il aura donc fallu cela - une flambée de violence spectaculaire - pour que certains de nos hommes politiques, de nos penseurs et de nos journalistes, comprennent l'ampleur et la gravité de la question sociale dans ces zones - dans ces quartiers et dans ces villes.

Il aura donc fallu cela pour qu'ils comprennent l'impérieuse nécessité de lutter rapidement et efficacemment contre la pauvreté, l'insalubrité et l'insécurité dans nos banlieues.

Avant qu'il ne soit encore plus tard que trop tard.

On a notamment évoqué la nécessité d'un "Grenelle des banlieues".
At last.

A cet égard, la discrimination positive telle que prônée par le président de l’UMP me semble un instrument digne d’intérêt.

Mais la discrimination positive effraie.
C’est incontestable.

Pourtant - pratiquée depuis le début des années 6O aux Etats-Unis - elle mérite certainement un examen attentif et objectif. Il s'agit en effet de se départir de toute idée reçue, et de se concentrer sur les faits.

Nicole Bacharan - historienne spécialiste des Etats Unis – se penche sur la traduction française du mot “affirmative action”. Et de fait, traduire ce terme par «discrimination positive » constitue pour elle "une absurdité".

Comment en effet espérer convaincre et lutter contre l'injustice en usant d'un vocable aussi mal connoté que "discrimination" ?

Bacharan explique notamment que la vraie discrimination est nécessairement insidieuse, cachée. “C'est celle qui sévit aujourd'hui en France et à laquelle il faut mettre fin”.

Dans cette optique, il faut se tourner vers le CV anonyme. Et là encore, il s’agit d’étudier calmement la question.

Le terme Curriculum Vitae – en latin - peut se définir comme « cours de la vie ».

En matière de vie professionnelle, c’est le document écrit qui renseigne sur l’état civil, les titres, les capacités et les activités passées d’un individu.
C’est donc sur cette base que l’employeur va d’abord distinguer parmi de multiples candidats.

Pourtant - dans ce même temps - l’article 122-45 du Code du Travail énonce qu’ « aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement » en raison « de son origine, de son sexe, de ses moeurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de sa situation de famille, de ses caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son patronyme ou en raison de son état de santé ou de son handicap.”

Ainsi, notamment, un employeur n’a pas le droit de se fonder sur la nationalité d’un candidat pour refuser de l’embaucher, sur son appartenance à une ethnie, une nation ou une race, sur son apparence physique ou son patronyme.

L’employeur n’a pas le droit.
C’est aussi simple que cela. Et c’est notre loi.
Par voie de conséquence, toute disposition ou tout acte contraire à l'égard d'un salarié sera déclaré nul de plein droit.

Encore une fois, c’est aussi simple et strict que cela.
Qu'en pensez-vous, chers lecteurs ?

Dans ces conditions, je ne vois vraiment pas quel argument valable pourrait être opposé à la généralisation par la loi du Curriculum Vitae anonyme, puisque – tout simplement – l’employeur n’a pas le droit de se fonder sur l’état civil du candidat pour faire son choix.

Alors bien sûr, les discriminations illégales seront certainement tout aussi nombreuses, et notamment au stade de l’entretien d’embauche.
Alors bien sûr, les discriminations légales sont tout aussi injustes et iniques que celles réprimées par la loi. Et notre ensemble social est malade au point de les exacerber.

Mais néanmoins, en confrontant directement - par l'intermédiaire du CV anonyme - les populations discriminées aux employeurs, il y a fort à parier que l’on parviendra peu à peu à réduire les comportements frauduleux.

Et ce sont ces populations illégalement discriminées mêmes – handicapés, seniors, musulmans et caetera – qui convaincront au mieux les employeurs de leurs qualités, de leur savoir et de leurs compétences.

Pour ma part, j'ai un rêve.
Celui d'une société dans laquelle les individus seraient courageux – moins lâches. Une société où l’honnêteté intellectuelle serait érigée au rang de valeur fondamentale. Concrètement, un ensemble social où chacun serait apte à reconnaître ses erreurs, ses limites, et à prendre en compte l’intérêt général de l’ensemble social qui lui permet de survivre.

Mais ce raisonnement devient inepte dès lors que l'ensemble social n'assure plus la survie de chacun de ses membres.

Et c'est exactement l'enjeu même du débat.

La refonte - par delà nos Institutions - de notre façon de comprendre et de faire la politique.
La construction d'un nouvel idéal social et économique qui prendrait en compte chacun des acteurs - passifs ou actifs - qui constituent aujourd'hui notre société.
L'acceptation définitive et constructive des différentes composantes sociales, religieuses et ethniques formant aujourd'hui notre nation.

Une prise de conscience collective de l'importance majeure de chacune de ces composantes dans l'avènement et la pérennisation d'une société tolérante, libérée de ses entraves idéologiques, économiquement prospère et redistributrice.

 

31 janvier 2006

Pedro Pauleta


Pedro Miguel Carreiro Resendes Pauleta est né le 28 avril 1973 - à Ponta Delgada, au Portugal.

L’attaquant portugais du Paris Saint-Germain a depuis battu le record du nombre de buts inscrits sous le maillot de la Seleçao - c'est à dire 42. Un record qui était détenu jusqu’alors par le mythique Eusebio. Rien de moins.

Aussi, Pauleta est champion d'Espagne. Il a été meilleur buteur du championnat de France, il a gagné la Coupe de France et même l'iconoclaste Coupe de la Ligue.
Pauleta est donc un immense joueur.

Et il enchante désormais régulièrement le Parc des Princes.

De plus, cet homme est toujours juste dans ses propos. Il tient un discours plus que cohérent, empreint de générosité et de lucidité.
Il embrasse son alliance après chaque but - ou presque - et c'est à mon sens particulièrement révélateur. Un homme qui pense avant toute chose à sa femme - au moment précis où il procure une joie irrationnelle à plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies en un seul et même lieu - est forcément un homme exceptionnel.

Il y a par conséquent fort à parier que Pauleta soit un bon père de famille.
Notamment.

Pourtant, Pedro n'est pas prophète en son pays. Il n'est pas aimé. Il y est mal aimé.
J'ai encore eu l'occasion d'en faire la triste constatation tout récemment - dans un bar Portugais - à l'occasion du match Portugal contre Croatie.
Pauleta est raillé. On lui préfère même l'indigent Nuno Gomes.
Mais Pauleta a encore marqué. Un but objectivement d'une très grande classe. Vous en convenez ?

J'en donc tire un très profond enseignement.
Si même les Portugais sont capables de mésaimer Pedro Pauleta, alors l'être humain est capable de tout.

Néanmoins et malgré tout, je ne serai pas le seul à pleurer lorsqu'il foulera pour la dernière fois la pelouse du Parc. Lorsqu'il sortira pour rejoindre une toute dernière fois le banc côté virage Auteuil.
Et Scolari - grand sélectionneur s'il en est - tient Pauleta en très haute estime.

Ce ne sont que deux exemples. Ils n'ont pas valeur d'argument. Mais pourtant.

Milan Kundera écrivait dans "La plaisanterie" que ce ne sont pas les détracteurs mais les admirateurs qui condamnent l'homme à la solitude.
Il doit y avoir un peu de vrai.

Car Pauleta semble sincèrement heureux.

 

29 décembre 2005

Vous reprendrez bien une petite tranche ?


GUIDO m'envoie ce mail, intitulé "tranche de vie". Directement posté.

"Ce soir j’ai rendez vous chez le coiffeur à 18H00. Vers 18H20, alors que ma tonse arrive à point, un homme pénètre à grands fracas dans le salon en beuglant :

« Salope, rends moi mes soixante dix euro ou sinon je pète tout».

Le type, 40 piges, plutôt petit et assez corpulent commence son entreprise de démolition en proférant des insultes abjectes. Prostrée dans un coin ma petite coiffeuse sanglote attendant le coup de pieds logique que ce taré ne manquerait pas de lui balancer. Par chance le type passe devant moi, je fais pivoter mon siège, le saisis par les épaules, lui mets un genou dans le dos et le fait tomber par terre. Je maintiens comme je peux ce forcené qui vocifère désormais des menaces de mort à mon encontre. A ce moment là, deux gendarmes, prévenus par la jeune apprentie réfugiée dans les toilettes font leur entrée, attrapent le rustre, le menottent et l’embarquent dans le panier à salade.

Deux minutes plus tard un des deux gendarmes, petit bouc, 22 ans à tout casser, revient. Il me pointe du doigt :

« Vous devriez vous calmer Monsieur !»

Puis se retournant vers la coiffeuse qui pleure son salon à moitié détruit :

« Vous savez Monsieur Bastide (le forcené) risque de contacter les associations de consommateurs. Vous devriez trouver un accord commercial. Bonsoir tout le monde ».


Ma soirée est foutue. Il va vraiment falloir que je commence les démarches pour avoir une green card d’ici 2007;

Joyeux Noël 2005 et vive la France !"

Ps : Guido, faut arrêter avec les coiffeurs à 10 euros. C'est pour ça.

 

22 décembre 2005

Médias français : l'honneté intellectuelle en option !


Chers lecteurs, vous ne suivez pas nécessairement l'actualité sportive.
Certes.
Et encore moins régulièrement l'actualité tennistique. C'est normal.
Du moins, ce n'est pas choquant.

Pourtant, vous n'êtes pas passé à côté de cette information : le tennisman Mariano Puerta a été suspendu huit ans !
N'est-il pas ?
En effet, Mariano Puerta a écopé de huit ans de suspension. "La Fédération internationale a voulu frapper fort", pouvait-on lire ou entendre ici et là.
L'Argentin avait en effet été contrôlé "positif après sa finale perdue à Roland-Garros en juin dernier".

Cette suspension de huit ans correspond de fait à une "radiation à vie" !
Et Puerta est un horrible tricheur !
"Nanana".

Et il devra rendre des centaines de milliers d'euros de gains. "Nanana".
Et c'est à cause aussi "de la récidive" de Puerta, qui avait "déjà" été contrôlé positif. "Nana".
Na.

Bouh Puerta ! Bouh !

Mais avez vous entendu ou seulement lu cela : "Le tribunal de la FIT a seulement consenti à admettre «une faute ou négligence non significative», évitant ainsi de prononcer une exclusion à vie. Puerta, 27 ans, a de fait expliqué qu'il n'y avait eu «aucune amélioration concrète» sur son rendement. «L'ingestion d'étiléfrine, contenue dans un médicament que prenait mon épouse, a été purement accidentelle, et à mon insu», a-t-il ajouté. «La quantité ingérée ayant été extrêmement petite (moins d'une goutte), elle n'a pu avoir le moindre effet dans ma performance à Roland Garros», a-t-il poursuivi."

C'est dingue. Ca change tout.
Et personne n'en parle.
Personne.
Même si Puerta s'avère être de mauvaise foi - c'est certainement le cas - il n'en reste pas moins que la Fédération qui l'a condamné ne l'a absolument pas jugé coupable de dopage.
C'est dingue que personne ne le dise.


Dans le même genre et tout récemment : les supers sondages sur "le candidat idéal" d'après l'ensemble des français pour l"UMP en vu de 2007 !
Encore une super information que les médias nationaux ont adoooooooré.

"SARKO arrive devant, c'est donc bon signe pour lui ! Il marque des points !
C'est VILLEPIN devant ? Alors c'est super bon signe pour lui !"

Mais toi par exemple, lecteur de gauche, tu souhaites quel candidat pour l'UMP contre le candidat PS ? Le meilleur ou le moins bon ?
A priori, le plus maladroit, le moins convaincant, le moins" manipulateur" aussi.
Le moins "bon" en quelque sorte.

Le candidat préféré de tous les français, c'est celui qui plaît à qui ? Aux électeurs de droite ou à l'ensemble de français ?
Et oui, celui qui arrive en tête dans ces sondages ne s'en réjouira pas forcément .


Mais un truc aussi simple que cela dépasse la compréhesion jounalistique. Celui que les français préfèrent à la tête de l'UMP, c'est nécessairement le mieux placé pour la victoire !

Yeah..

 

17 décembre 2005

Défi


Chers lecteurs,

J'ai besoin de votre aide. Tout du moins, de votre avis.

Seriez vous capable de me citer une seule émission télévisuelle hertzienne française qui soit plus orientée politiquement que "le zapping" - diffusée en clair et plusieurs fois par jour sur canal plus ?

Une seule émission qui accueillerait mieux le terme "manipulation" ?

Alors même que l'on s'insurge régulièrement du traitement de l'actualité fait aux USA par Fox News, le zapping n'utilise-t-il pas des méthodes encore plus insidieuses pour faire passer ses messages ? Le "no comment" n'est-il pas de fait sous couvert d'objectivité un élément très puissant et maléable au possible ?

Par exemple, sur le traitement des émeutes.
Notons d'abord qu'un exemple n'aura jamais valeur d'argument.
Mais je n'ai pas vu - cette semaine - d'extrait reprenant la pourtant très éloquente et spectaculaire émission "Arrêt sur images" consacrée aux propos de Sarkozy et donnant un éclairage tout à fait nouveau sur la réalité de la visite et des propos du ministre à Argenteuil.

Alors bien sûr, il ne s'agit pas de remettre en cause l'utilité de l'émission, ni même son caractère divertissant.
Il ne s'agit pas non plus d'exiger du zapping une réelle et inutile impartialité.
Cela n'aurait aucun sens.

Néanmoins, pour ma part, je crois que l'on ne peut pas raisonnablement toujours présenter les choses sous le même angle, inlassablement répétées et rabâchées.
Ce n'est pas illégal, ce n'est peut être pas même insidieux - finalement- mais est ce réellement honnête ?

Mais je me trompe certainement.

Non ?

 

30 novembre 2005

En direct de l'Assemblée Nationale


Un propos tenu à l'instant par le Député Grosdidier, évoquant les "you-you" résonnant dorénavant dans les mairies à l'occasion de nombreux mariages.

Assemblée chauffée à blanc. Opposition révoltée.

Le propos en question va faire beaucoup beaucoup parler. Je suis prêt à parier.

Le propos en lui même n'a pourtant rien d'illégal. Bien loin de là.

Et pourtant. La polémique va faire rage sur les blogs.
Dans la presse.
Ailleurs.

Elle est pourtant stérile, cette polémique à venir.
Signe d'une société malade. Qui dramatise et accuse.
Sépare au lieu de rassembler.

Aujourd'hui il y a certains mots que l'on a plus le droit de prononcer : immigration, arabe, musulman.
Et dire que c'est ce mécanisme même qui nourrit l'incompréhension, la peur de l'autre et au final le racisme !
Il faut dès aujourd'hui ajouter à la liste le mot "you-you". Un gros mot, apparemment...

L'opposition est lamentable.

Alors bien sûr, Grosdidier est maladroit, certainement névrosé et peut-être un peu irresponsable.
De la même façon que l'on a pu reprocher certains mots à Sarkozy, nul doute que l'on ne manquera pas de signaler à Grosdidier qu'il doit choisir ses mots et ne pas jeter d'huile sur le feu.

Fatigue.

http://j.scharwatt.free.fr/faceaface.mp3

 

23 novembre 2005

Limpidité


La réponse de Sarkozy à Kassovitz est un modèle.

Kassovitz défendant des idées partout ressassées, le discours se positionne de plus comme une réponse à tous ses détracteurs.
Il est par conséquent excellent.

Il faudra en effet être plutôt "costaud" pour apporter la contradiction.

Voilà par conséquent qui élève un débat nécessaire et jusqu'alors peu érudit.

Je me permets ici de retranscrire "texto" le commentaire laissé par Sarkozy ou posté pour lui directement sur le site de Kassovitz.

“Monsieur,

J’ai pris connaissance de vos propos développés sur votre blog relatifs à la crise qui a traversé plusieurs de nos banlieues. Au-delà de vos flèches caricaturales et provocantes dont je suis la cible, j’ai tenu à vous répondre personnellement car je crois aux vertus du débat et de l’échange, notamment avec celles et ceux qui ne souscrivent pas à mes idées ou mes actes.

Le premier point qui m’a frappé à la lecture de votre blog, c’est qu’il laisse fortement entendre que la crise actuelle a surgi soudainement, comme par un malheureux hasard. Vous l’attachez de façon réductrice et manichéenne à ma personne et à quelques mots prononcés par moi-même... Ces mots, j’assume leur tonalité directe et franche car ils sont fondés sur la réalité d’un quotidien vécu par une majorité de nos concitoyens dans les cités. Au surplus, j’estime que le "politiquement correct" et la langue de bois qui prévaut depuis des décennies ne sont pas indifférents à la montée du vote extrémiste dont je combats depuis toujours les idées et les leaders.

Vous connaissez, semble-t-il, suffisamment "les quartiers" pour savoir, au fond de vous-même, que la situation est tendue depuis de longues années et que le malaise est profond. Votre film, "La haine", qui date de 1995, évoquait déjà ce malaise que des gouvernements, de droite comme de gauche, ont dû gérer avec plus ou moins de réussites. Limiter cette crise aux faits et gestes du Ministre de l’Intérieur, c’est, d’une certaine façon et une fois encore, passer à côté des vrais problèmes. Je mets cela sur le compte d’un coup de cœur mal placé.

Le second point qui m’a heurté, c’est que vous paraissez vous faire, sans nuance, le porte-parole d’une minorité de casseurs plutôt que l’interprète d’une majorité de familles et de jeunes qui vit, elle aussi, dans les cités et qui en a assez de constater que la culture de la violence et des rapports de forces s’est imposée sur celle de l’Etat de droit. Pourquoi n’avoir aucun mot pour ceux dont la voiture a brûlé, les privant ainsi d’un outil de liberté et de travail durement acquis ? Pourquoi ne pas évoquer ces jeunes dont les gymnases ont été réduits en cendres et ces enfants dont l’école est détruite ? Pourquoi, par ailleurs, n’avoir aucune pensée pour les 110 policiers blessés, les pompiers caillassés et les médecins injuriés ?

Votre proximité affective à l’égard des jeunes des cités est compréhensible et estimable, mais j’ai le sentiment qu’elle vous conduit à accepter ce qui n’est pas acceptable. Ce n’est pas rendre service aux banlieues que de prendre fait et cause pour une minorité dont les actes sont répréhensibles et parfois même meurtriers. Je crois même le contraire. Vivre dans un quartier populaire ou être le fils de parents ou grands-parents immigrés n’autorise nullement à lancer des cocktails molotov sur la police et des pierres sur les pompiers. Laisser entendre le contraire, c’est, selon moi, insulter toutes celles et tous ceux qui, dans des conditions d’existence identiques, se comportent en citoyens responsables.

Je n’ignore nullement le fait que derrière cette crise il y a des facteurs économiques, sociaux et culturels. J’en ai mesuré l’ampleur et c’est pourquoi je défends, notamment, le principe de la discrimination positive ou encore le vote des étrangers aux élections municipales. Il est temps de briser l’égalité de façade dont notre pays est coutumier depuis trop longtemps ! Il est temps de donner toutes ses chances à la France plurielle dont j’estime qu’elle est un atout et non un handicap ! A cet égard, je veux vous dire que la Police est sans doute le service public le plus représentatif de cette France plurielle que j’appelle de mes voeux.

Cette nouvelle impulsion dont les quartiers ont tant besoin, ne peut être engagée en l’absence d’un rétablissement des règles républicaines. Le développement des trafics, des violences, des "tournantes", de l’immigration clandestine, minent tous les efforts que nous pouvons entreprendre. En ces zones de non-droit, l’ordre républicain n’est pas l’adversaire du progrès, mais bien son allié.

Nous sommes en présence d’une des crises urbaines les plus complexes et les plus aiguës que nous ayons eu à affronter. Elle exige de la fermeté et beaucoup de sang-froid. Ces sont ces instructions précises que j’ai données aux forces de police et de gendarmerie. Elles agissent avec une maîtrise et un professionnalisme qui font honneur à notre démocratie. Au cours des quatre dernières semaines, certaines de nos unités ont fait face, dans le calme et la discipline, à une violence dont je vous demande de ne pas sous-estimer la brutalité.

Voilà les quelques réflexions que m’inspire la lecture de votre blog. Je sais que vous êtes, avec votre style et vos convictions, à la recherche d’une prise de conscience des pouvoirs publics vis-à-vis des banlieues. Depuis tant d’années, beaucoup d’argent a été engagé, beaucoup d’efforts ont été entrepris par les services de l’Etat comme par les acteurs de terrain. Les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Nous y avons tous notre part de responsabilité. Comment faire mieux et autrement ? Cette question, il faut maintenant la résoudre.

Demeurant disponible pour poursuivre, si vous le jugez utile, notre échange de vive voix, je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Nicolas Sarkozy.”

Qui dit mieux ?

 

Le député BRARD a dit


"Ce qui est bon pour le MEDEF n'est jamais bon pour le pays".

...

Chers lecteurs, comment voulez vous que l'on s'en sorte ?

 

Sur l'air de "Allez venez Milord"


Allez Paris, SG
Vous êtes notre fierté
Vous allez enflammer
Ce stade de légende

Et du virage Auteuil
S'élevera en choeur
D'une voix phénoménale

Cette chanson capitale
La la la la, la la...

 

22 novembre 2005

L'action affirmative : la discrimination positive en action.


Ouverture de boîte mail, c'est du classique.
C'est du Guido.

"Salut Damien, as-tu noté que la côte de Nicolas SARKOZY a bondi de onze points ? Il est désormais l’homme politique préféré des français. Etrange, à écouter les medias français, j’aurais plutôt cru qu’il était au bord du gouffre, et que ces déclarations sur les émeutes lui auraient bientôt valu un carton rouge gouvernemental. Cela conforte mes convictions : le problème de partialité du paysage audiovisuel français (des journalistes ?) va bien au de là du seul Zapping.

Enfin, j’ai récemment lu un bouquin pas mal de Nicole BACHARAN, historienne spécialiste des Etats-Unis et auteur de "Faut-il avoir peur de l'Amérique" ? Ca change un peu de tous ces bouquins racistes qui trônent en tête de gondole des librairies françaises (Etats-Unis : Génocide et Crime contre l’humanité, etc.).

Bref, je recommanderais essentiellement ce livre pour son passage sur « l’action affirmative ». Un passage qui m’a définitivement conforté dans le fait que Dominique de Villepin ne m’a pas convaincu, mais bien énervé.
Hors, dans mon journal favori, j’ai trouvé un article de madame sur la chose.

Puis je t’en rapporter les grandes lignes ?


« Au lieu de se plaindre du regard parfois caricatural que les étrangers portent sur la crise des banlieues, il serait plus opportun d'étudier les méthodes qu'ils ont utilisées pour favoriser l'intégration. Ainsi l'« action affirmative » pratiquée aux Etats-Unis depuis les années 60 mérite un examen attentif et lucide, fondé non sur des idées reçues comme il en circule tant en France, notamment dans les cercles gouvernementaux, mais sur les faits.

La traduction française « discrimination positive » est une absurdité : le mot « discrimination » n'a jamais eu le moindre sens positif ni en français ni en anglais. Adopter un terme aussi contradictoire, c'est discréditer d'emblée la méthode. La vraie discrimination (forcément négative), c'est la réalité de la France aujourd'hui.

Qu'est-ce alors que l'« action affirmative » ? Ceci : les entreprises et les agences publiques doivent engager des employés issus des minorités sous peine d'être en infraction avec la législation sur la non-discrimination dans l'emploi, et les universités doivent considérer que l'appartenance à une minorité est un « plus » dans le dossier d'un étudiant, comme le sont les activités sportives ou civiques. L'action affirmative, c'est un « coup de pouce » donné aux minorités, et non l'instauration de quotas. Contrairement à ce que l'on dit souvent ici, les quotas sont interdits aux Etats-Unis.

Il est aussi faux de dire que chaque Américain serait définitivement « fiché » selon sa « race ». Déclarer son appartenance ethnique, lors du recensement d'une candidature dans une université ou dans une entreprise, est toujours facultatif. L'appartenance ethnique n'apparaît ensuite sur aucun document officiel (permis de conduire, carte de Sécurité sociale, passeport). Rappelons que la carte d'identité n'existe pas aux Etats-Unis.

On oppose souvent le « modèle républicain à la française » à un prétendu « modèle communautariste à l'américaine ». Cela n'a pas de sens. Les deux Constitutions - française et américaine - garantissent l'égalité de tous les citoyens sans distinction de sexe, de religion ou d'origine. Aux Etats-Unis, l'action affirmative n'est ni un principe constitutionnel ni le projet de figer la société dans des divisions communautaires. C'est une méthode pragmatique, pour faire entrer les minorités défavorisées dans la marche économique de la nation.

Quarante ans après cette déclaration, on ne peut que constater les progrès accomplis : en 1960, seuls 13 % des Noirs faisaient partie de la classe moyenne ; ils sont aujourd'hui 66 %. Certes, ces chiffres signifient aussi qu'un tiers des Noirs vivent encore dans la pauvreté (comme l'a montré la catastrophe provoquée par l'ouragan Katrina) et que bien du chemin reste à parcourir. Mais passer de 13 % à 66 % d'« intégrés économiques » dans un pays héritier de l'esclavage et de la ségrégation, c'est une impressionnante avancée. Colin Powell a dirigé l'armée des Etats-Unis, et Condoleezza Rice conduit les Affaires étrangères.

C'est vrai, cette méthode n'est pas sans défaut : elle provoque frustrations, conflits, procès ; elle s'accompagne d'une bureaucratie tatillonne. Il ne faut pas croire que les Américains s’y soient jamais pliés facilement. Pour que les gouvernements successifs et les tribunaux l'aient imposé, il a toujours fallu deux clés. D'abord, la prise de conscience nationale que sans intégration l'avenir du pays tout entier était en danger, et c'est cette prise de conscience qui sous-tend la volonté politique. Ensuite, une économie dynamique et créatrice d'emplois : quand les jobs sont rares, il est très difficile, sinon impossible, de faire accepter que des postes soient réservés à une catégorie de citoyens. Le chômage, c'est l'une des causes principales de l'échec de l'intégration en France.

Pas plus qu'elle ne prône le communautarisme, l'action affirmative ne le crée. Mais elle prend acte que le communautarisme existe et s'efforce de le combattre. Oui, il peut sembler choquant, sur le plan des principes, d'identifier les citoyens selon leurs origines ethniques. Mais c'est oublier que dans la réalité ces citoyens sont déjà identifiés comme tels, qu'ils sont déjà séparés les uns des autres dans des communautés tenues à l'écart, et qui, par voie de conséquence, se replient sur elles-mêmes. Vaut-il mieux s'arc-bouter sur des beaux idéaux au prix d'un dramatique immobilisme ? Ou opter pour le moindre mal, c'est-à-dire regarder la réalité de la France en face et tâcher avec détermination et modestie d'ouvrir vraiment les portes de l'intégration ? »

(Nicole BACHARAN, extrait en partie du Figaro du 17 novembre 2005)


Guido".

Chers lecteurs, un contre-argument ?

 

17 novembre 2005

Pedigree


Le terme Curriculum Vitae – en latin - peut se définir comme « cours de la vie ».

En matière de vie professionnelle, c’est le document écrit qui renseigne sur l’état civil, les titres, les capacités et les activités passées d’un individu.
C’est donc sur cette base que l’employeur va d’abord distinguer parmi de multiples candidats.

Pourtant - dans ce même temps - l’article 122-45 du Code du Travail énonce qu’ « aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement » en raison « de son origine, de son sexe, de ses moeurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de sa situation de famille, de ses caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son patronyme ou en raison de son état de santé ou de son handicap.”

Ainsi, notamment, un employeur n’a pas le droit de se fonder sur la nationalité d’un candidat pour refuser de l’embaucher, sur son appartenance à une ethnie, une nation ou une race, sur son apparence physique ou son patronyme.

L’employeur n’a pas le droit.
C’est aussi simple que cela. Et c’est notre loi.
Par voie de conséquence, toute disposition ou tout acte contraire à l'égard d'un salarié sera déclaré nul de plein droit.

Encore une fois, c’est aussi simple et strict que cela.
Qu'en pensez-vous, chers lecteurs ?

Dans ces conditions, je ne vois vraiment pas quel argument valable pourrait être opposé à la généralisation par la loi du Curriculum Vitae anonyme, puisque – tout simplement – l’employeur n’a pas le droit de se fonder sur l’état civil du candidat pour faire son choix.

Alors bien sûr, les discriminations illégales seront certainement tout aussi nombreuses, et notamment au stade de l’entretien d’embauche.
Alors bien sûr, les discriminations légales sont tout aussi injustes et iniques que celles réprimées par la loi. Et notre ensemble social est malade au point de les exacerber.

Mais néanmoins, en confrontant directement - par l'intermédiaire du CV anonyme - les populations discriminées aux employeurs, il y a fort à parier que l’on parviendra peu à peu à réduire les comportements frauduleux.

Et ce sont ces populations illégalement discriminées mêmes – handicapés, seniors, musulmans et caetera – qui convaincront au mieux les employeurs de leurs qualités, de leur savoir et de leurs compétences.

Tout du moins, je le crois.

Non ?

 

16 novembre 2005

Paris est tragique


Ouverture de boîte mail, nouveau message de Guido.

Vous connaissez ma passion pour le Paris Saint Germain.
Par conséquent, son avis sur la situation actuelle du club parisien m'intéresse au plus haut point.
Et vous ?

"L’autre jour on m’a raconté l’histoire de Jason Marriner et Andrew Frain. C’est une histoire assez banale, mais dont je trouve la moralité très instructive.

"Andy, alias le cauchemar, 36 ans habite à Reading. Jason, 33 ans, habite à Feltham. C’est à peu près tout ce qui sépare ces deux hommes. Tous deux sont supporters des Blues de Chelsea. Avant chaque match, Andy et Jason descendent 5 litres de bières dans le pub à côté du stade. Le match ? A vrai dire ils s’en moquent complètement. C’est juste l’occasion de retrouver leurs potes supporters aux crânes bien luisant : Les Chelsea Headhunters. Une bonne partie d’entre eux sont membres de Combat 18 ou du KKK britannique. Inutile de préciser qu’il ne s’agit pas d’associations culturelles. Pendant 90 minutes, l’emploi du temps est bien chargé pour les deux compères : saluts nazis, jet de cacahouètes, cris de singes. Mais les deux imbéciles ne se privent pas d’applaudir Jimmy Floyd Hasselbaink, tout comme ils applaudiraient aujourd’hui Didier Drogba. Ce qu’ils attendent avec impatience, c’est la fin du match. Ah là là ! Une bonne bagarre, couteaux et barre-à-mine en bandoulière ! Ce soir, rendez vous à Victoria Station, car il faut coller une raclée à ces ordures de supporters d’Aston Villa. Bilan de la chasse : 2 « ordures » paralysées à vie et un Bobby défiguré. Quelle sacrée tranche de déconne ! La soirée se terminera comme tous les samedis, à Traffalgar Square, par une bonne tournante, si possible avec une gamine de 18 ans maximum. La semaine prochaine, Andy et Jason seront du côté de White Heart Lane pour « casser du juif ». Andy et Jason détestent les Hotspurs de Tottenham. »

Moralité : En 1999, Andy et Jason ont été condamnés à 8 ans et 7 ans de prison ferme avec interdiction à vie de pénétrer dans une enceinte sportive. La justice mène actuellement des investigations afin d’établir la responsabilité d’Andy dans plusieurs affaires de viol sur mineurs.

Tu vois Damien, j’ai honte de mon stade de football favori. J’ai presque honte d’aimer un club qui a en son enceinte les pires supporters de France. Car n’ayons pas peur des mots. Oui, l’ambiance au Parc des Princes est nauséabonde avec tous ces imbéciles qui lèvent le bras et déploient des banderoles mal inspirées « Allez les Blancs » (PSG-Lens 2004/2005). C’est vrai que les mecs de Boulogne, on ne les entend pas beaucoup chanter. Pour siffler Pedro et gueuler « démission », ils sont bien là. Mais il faut croire que l’alcool anesthésie les cordes vocales. J’en ai marre d’aller au stade encadré par 500 CRS, de me faire fouiller 3 fois avant d’accéder à ma place. Mon père m’a emmené voir les exploits de Montpellier en Coupe d’Europe quand j’avais 6 ans. Depuis j’ai choppé le virus. Dans ces conditions, penses tu vraiment que je pourrai contaminer mon fils ?

Alors, je me pose quelques questions sur les intentions de Monsieur Blayau : « virer Larrue et se poser en victime ». C’est un peu ce que je te disais hier pour Villepin, « paye la rançon, tu retrouveras la paix sociale ». Sauf que le retour de flamme ne s’est pas fait attendre, et le conflit entre supporters enfle de jour en jour. Combien de temps cela va-t-il encore durer ?

L’incompétence des dirigeants parisiens est telle que c’est à se demander s’ils ne sont pas de mèche. Alors je prie bien fort pour que l’ami Sarko, lui aussi grand supporter du PSG règle le problème. Il faut que tout les Jason Marriner et Andrew Frain du Parc des Princes croupissent en prison pour quelques années. Il faut fermer les tribunes où ces hurluberlus se cachent. Il faut les interdire de stade à vie.

Guido, Rouge et Bleu."

Cela a le mérite d'être clair.

Pour ma part, je crois en effet que la peur ne devrait pas faire partie des émotions inhérentes à un match au Parc des Princes. Or, pour beaucoup de monde - qui plus est de façon parfois justifiée - la peur est une réalité.
Cela n'est pas normal.

J'aime tellement le Parc quand il chante et s'enflamme à n'en plus finir que le contraire me déprime. J'ai connu des moments vraiment inoubliables dans ce stade de légende.

Mais dans le même temps, je n'ai pas nécessairement envie d'un stade asceptisé. "Propre". Le stade, c'est le lieu du peuple. Il ne faut pas que cela change.
De plus - pour reprendre l'un de mes précédents billets - tous les Boulogne Boys ne sont pas racistes. Je vous l'assure. C'est valable aussi pour les autres groupes et associations de supporters en tribune Boulogne.

Simplement, notre société a posé des règles. Elle a des lois.
J'aimerais simplement que ces lois soient respectées, y compris dans nos stades, qui ne doivent pas devenir des lieux de non-droit.

Tout simplement.

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Rédacteur Agoravox